Choi Jung-wha, la dame de cœur de la diplomatie culturelle coréenne
- Eleonore Bassop
- 22 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juin
Le 15 mai dernier, dans les salons de la résidence de l’ambassadeur de France à Séoul, Choi Jung-wha a reçu les insignes d’officier de la Légion d’honneur. Déjà chevalier depuis 2003, cette distinction fait d’elle la première Coréenne promue à ce rang. Une reconnaissance majeure pour cette interprète, professeure honoraire et présidente du Corea Image Communication Institute (CICI), qui œuvre depuis plus de quarante ans à rapprocher les univers culturels et à renforcer les liens entre la France et la Corée du Sud.
L’art du lien : un engagement au long cours
Formée à l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT) de la Sorbonne Nouvelle, Choi Jung-wha a consacré sa carrière à faire dialoguer les langues, les traditions et les imaginaires. Après son retour en Corée, à la suite de dix années passées en France, elle a travaillé comme interprète auprès de plusieurs chefs d’État sud-coréens.
Cependant, lors des sommets franco-coréens des années 1980 et 1990, elle officiait principalement en tant qu’interprète officielle des présidents français, François Mitterrand puis Jacques Chirac, à la demande du gouvernement français.
Enseignante à l’Université Hankuk et cofondatrice de la revue académique FORUM, elle a toujours envisagé les échanges culturels comme une passerelle, un espace d’écoute et de réciprocité.
Avec la création du CICI en 2003, elle transforme cette conviction en structure. L’objectif : promouvoir une image moderne, authentique et plurielle de la Corée, en valorisant celles et ceux qui, par leur engagement ou leur talent, participent à son rayonnement à l’international.
Un forum d’idées et de résonances : le CCF 2025
Le 12 juin dernier, cette vision s’est incarnée dans l’édition 2025 du Culture Communication Forum (CCF), événement phare du CICI, organisé dans les salons du Grand Hyatt à Séoul. Cette 16e édition, placée sous le signe du Sustainable K-Style, a réuni diplomates, artistes, chefs d’entreprise et journalistes autour d’un thème au cœur des défis contemporains : comment conjuguer héritage coréen et modernité durable ?
Au fil des performances et interventions, le forum a exploré les multiples facettes d’un K-Style revisité — entre mode, musique, art de vivre et innovation — porté par une exigence éthique et écologique. Le tout dans un esprit d’ouverture, de dialogue et de création partagée.
Parmi les lauréats de cette édition, une figure a particulièrement ému le public : Laure Mafo, chanteuse française installée en Corée du Sud, qui a reçu un Prix spécial pour son interprétation habitée du Pansori, cet art vocal ancestral inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Une voix forte, un parcours audacieux, et un symbole vivant de ce dialogue franco-coréen que Choi Jung-wha défend avec constance.
Une amitié durable avec la France
Son attachement à la France est profond, ancien et personnel. Par ses traductions, ses coopérations académiques, ou encore la publication en français de son ouvrage K-Style, Choi Jung-wha n’a cessé de tisser des liens entre les deux pays. En recevant les insignes d’officier de la Légion d’honneur, c’est toute cette trajectoire d’engagement et de finesse diplomatique que la République française salue.
Depuis des décennies, elle trace ce chemin, et nous y invite, avec grâce et constance.
Plus qu’une diplomate de la culture, Choi Jung-wha en est la dame de cœur : engagée, sensible, fidèle à ses valeurs, et attentive à faire rayonner non seulement la Corée, mais aussi celles et ceux qui la racontent.
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