top of page

Exposition sur les quais du RER C. Les cimetières à vélos en Chine

Dernière mise à jour : 23 févr.


Exposition Chine, Des cimetières à vélos. Photographies de Wu Guoyong.                                                                      Sur les quais de la station Invalides du RER C
Exposition Chine, Des cimetières à vélos. Photographies de Wu Guoyong. Sur les quais de la station Invalides du RER C

À la gare des Invalides, côté RER C, une halte inattendue s'impose. Pas de quai bondé, pas de train à attraper, juste une plongée en pleine dystopie urbaine avec l’exposition « Chine des cimetières à vélos » du photographe Wu Guoyong. Ici, les bicyclettes ne filent plus le nez au vent, elles s’empilent, rouillées, abandonnées, formant des montagnes absurdes, vestiges d’un rêve trop grand


La fin d’un symbole

Souvenez-vous de ces images d’une Chine où la bicyclette régnait en maître, immortalisée dans les romans de Yu Hua ou les films de Wang Xiaoshuai. Beijing Bicycle en 2001 en faisait déjà le symbole d’une société en mutation : objet de liberté, mais aussi de lutte et d’injustice. Aujourd’hui, ces vélos en libre-service, promesse d’un futur éco-responsable, ont fini par encombrer trottoirs et esprits, jusqu’à devenir indésirables. Trop d’ambition, trop de machines, et surtout, trop d’oubli. Alors, on range, on empile, on efface.


Entre mémoire et modernité

Wu Guoyong capture ces cimetières de métal comme d’autres immortalisent des temples en ruines. Chaque cliché raconte une histoire de course effrénée et de fin programmée, une poésie urbaine à la Jia Zhangke, où le passé et le présent se croisent sans vraiment se comprendre. Still Life n’est pas loin : ici aussi, le progrès avance en laissant derrière lui des fantômes.


On pense à Lu Xun, qui décrivait déjà une Chine en perpétuel chantier, hésitant entre modernité et mémoire. Ces bicyclettes sont-elles les dernières victimes d’une marche forcée vers l’avant ? Ou bien ne sont-elles qu’un reflet de nous-mêmes, lancés à pleine vitesse sans jamais savoir où l’on va ?


Une dernière balade

En laissant l’exposition derrière soi, la ville reprend ses droits, les klaxons couvrent la mélancolie. Mais une image demeure : celle de ces vélos, amoncelés comme des ossements, attendant qu’on les oublie pour de bon.


À voir, avant que tout ne disparaisse.



Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page