Racisme, les Coréens aussi ?
- Eleonore Bassop
- 3 oct.
- 2 min de lecture

La Corée du Sud a cru qu’en accédant au cercle des nations prospères, elle pourrait échapper aux vicissitudes du monde. En s’adossant à son miracle économique, en surfant sur la vague de la K-pop et de ses dramas mondiaux, elle se voyait à l’abri. Mais les récents événements montrent que le racisme, lui, ne connaît ni frontières ni classements économiques.
Hyundai : chaînes et humiliations
Première scène : une usine Hyundai aux États-Unis. Des dizaines de travailleurs coréens arrêtés, officiellement pour un défaut de visa. Mais la brutalité de l’opération ne trompe personne : les hommes ont été menottés, enchaînés — une mise en scène qui portait la marque d’une volonté claire d’humilier. Et ce, à peine quinze jours après la visite officielle du président sud-coréen à Washington. Un affront calculé ? Beaucoup l’ont pensé.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires n’ont pas tardé : ironie amère sur le « camouflet » infligé au pays du matin calme. Beaucoup ont également rappelé la raideur avec laquelle la Corée du Sud elle-même traite les étrangers sur son sol. Cet affront souligne combien la reconnaissance internationale peut se révéler réversible, au gré des humeurs et des rapports de force.
Rosé, effacée comme une ombre
Deuxième scène : Paris, Fashion Week, défilé Saint-Laurent. Une photo glamour prise pour Elle UK : Zoë Kravitz, Charli XCX, Hailey Bieber et Rosé, star de Blackpink. Mais surprise : dans la version publiée, Rosé a disparu. Effacée comme une ombre. La presse coréenne s’indigne, les fans s’enflamment, le magazine encaisse le backlash.
Depuis, Elle UK a présenté ses excuses, évoquant une « maladresse » regrettable. Mais comme l’ont souligné nombre d’internautes : Too little, too late. Trop peu, trop tard : le mal est fait.
Pourtant, Rosé n’est pas une figurante. Avec Blackpink, elle a fait danser la planète, pulvérisé des records de streaming, assuré une collaboration remarquée avec Bruno Mars. Elle est aujourd’hui l’un des visages les plus identifiables de la K-pop. Et malgré cela, elle a été rayée d’une photo censée incarner la mode mondiale.
Racisme, les Coréens aussi ? - Les standards occidentaux : une vieille habitude
Que les Sud-Coréens s’indignent, on le comprend. Mais ailleurs, cela prête presque à sourire. Car pour beaucoup d’entre nous, l’effacement des photos de « famille » n’a rien d’une nouveauté.
Un exemple l’illustre bien : la restauration en 2005 du tableau Bélizaire et les enfants Frey (Jacques Amans, 1837, Metropolitan Museum of Art). Ce portrait du XIXe siècle représentait trois enfants blancs de Louisiane, aux côtés de l’esclave Bélizaire. Pendant plus d’un siècle, ce dernier avait été soigneusement effacé de la toile, avant que l’histoire ne le réhabilite. L’Occident a toujours su qui méritait d’apparaître ou de disparaître du cadre.
Petit conseil d'une amie qui vous veut du bien
Alors, si j’ai un conseil à donner à Rosé, à toutes ces stars coréennes qui arpentent les scènes et tapis rouges occidentaux : endurcissez-vous. Vous en verrez d’autres. L’humiliation, la condescendance, l’effacement font partie du lot. C’est le prix de l’invitation au bal. La différence, c’est que certains d’entre nous y dansent depuis longtemps déjà, et que nous avons appris à garder le sourire, la tête haute, même lorsqu’on nous raye du cliché.












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